Insuffisance cardiaque soins de suite et réadaptation
La réadaptation cardiaque (ou rééducation) est un ensemble de soins spécialisés destinés aux patients ayant subi une hospitalisation à la suite d’une décompensation cardiaque ou d’une intervention chirurgicale liée au cœur. Ce programme a pour objectif d’améliorer la qualité de vie et la condition physique des patients, tout en réduisant les risques de nouvelles complications. La réadaptation se déroule en plusieurs phases et comprend des exercices physiques adaptés, une éducation thérapeutique, ainsi qu’un suivi psychologique. Elle s’inscrit dans le cadre de la démarche « insuffisance cardiaque soins de suite et réadaptation », visant à assurer une continuité des soins après la phase aiguë de la maladie.
Réadaptation cardiaque : La première phase
Dans un premier temps, la réadaptation cardiaque débute généralement à l’hôpital, souvent dès la stabilisation du patient après une décompensation ou une chirurgie. Seul, ou avec le kinésithérapeute, en collaboration avec l’infirmier du service, le patient débute les exercices. À ce stade, le patient insuffisant cardiaque est encouragé à réaliser des exercices simples impliquant les membres inférieurs et supérieurs, ainsi que des exercices de respiration. Ces mouvements visent principalement à améliorer la circulation, à prévenir les complications liées à l’immobilité et à rétablir progressivement une certaine autonomie.
L’objectif initial est d’amener le patient à s’asseoir dans son lit, puis à se lever doucement, tout en surveillant étroitement les signes vitaux pour éviter tout effort excessif. Ces exercices permettent au patient de retrouver petit à petit la mobilité et la confiance en ses capacités physiques, tout en amorçant un processus de récupération contrôlé. Le rythme et l’intensité sont adaptés à la condition de chaque individu, permettant une rééducation en douceur.
Réadaptation cardiaque : La deuxième phase
Une fois que le patient se sent plus à l’aise avec ses mouvements et a atteint une certaine stabilité, la rééducation entre dans une phase plus active. Celle-ci s’effectue soit en hospitalisation de jour, en hospitalisation complète ou au sein de structures spécialisées comme les centres de soins de suite et réadaptation (SSR). Durant cette étape, un programme de ré-entrainement à l’effort est mis en place, avec une surveillance continue de l’évolution de la capacité cardiaque.
Des examens réguliers comme l’épreuve d’effort maximale (sur vélo ou tapis de course), le Holter sur 24 heures ou encore l’écho-Doppler permettent de suivre les progrès du patient et d’adapter le traitement en conséquence. L’objectif principal de cette phase est de préparer le patient à un retour à domicile proche, en améliorant sa capacité d’effort et en lui permettant de reprendre progressivement ses activités de la vie quotidienne ou, si possible, de la vie professionnelle.
Le ré-entrainement à l’effort est progressif et personnalisé. Il permet d’augmenter la tolérance à l’effort du patient tout en réduisant les risques de récidive. En parallèle, une éducation thérapeutique est dispensée pour aider le patient à mieux comprendre son corps et à apprendre les principes de gestion de sa maladie (principes à respecter EPON). Ce travail d’apprentissage est essentiel pour l’adaptation des habitudes de vie, en particulier en ce qui concerne l’alimentation, la gestion du stress et l’activité physique régulière.
Un accompagnement psychologique peut également être proposé pour aider le patient à surmonter les défis émotionnels liés à la maladie et à se fixer des objectifs réalistes pour sa récupération. L’ensemble de ces interventions vise à favoriser une meilleure qualité de vie et une réintégration en toute sécurité dans la vie quotidienne.
Et après ?
Après la phase de rééducation, lorsque le patient retourne à domicile, il doit impérativement suivre les consignes EPON (Exercice physique, Pesée régulière, Observance des traitements et des rendez-vous médicaux, Ne pas trop saler son alimentation). Ces règles sont essentielles pour maintenir un bon équilibre cardiaque et éviter les décompensations cardiaques. L’exercice physique modéré doit être intégré quotidiennement, en accord avec les capacités du patient, pour renforcer son cœur et améliorer sa condition physique. La pesée régulière, souvent recommandée chaque matin, permet de détecter rapidement une éventuelle rétention d’eau, signe d’une possible décompensation cardiaque. Le patient doit également veiller à suivre scrupuleusement son traitement médicamenteux et respecter les rendez-vous médicaux pour des bilans réguliers et ajustements de traitement si nécessaire et ne pas trop saler son alimentation.
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En complément de ces mesures, un suivi à domicile peut être mis en place, notamment par une infirmière qui se rend régulièrement chez le patient pour contrôler son état de santé et l’aider à respecter les consignes. De plus, la télésurveillance, via des dispositifs connectés (ex : balance connectée), peut être proposée pour surveiller le patient à distance et intervenir rapidement en cas de problème. Ce suivi est souvent coordonné par une CECICS (Cellule d’Expertise et de Coordination de l’Insuffisance Cardiaque Sévère), une structure spécialisée qui joue un rôle clé dans la coordination des soins et la gestion à long terme des patients souffrant d’insuffisance cardiaque sévère. Cette surveillance rapprochée contribue à une meilleure prise en charge et à la prévention des réhospitalisations.